Le macro complexe de loisirs que Hard Rock Entertainment World projette de construire entre Vila-seca et Salou (Tarragone), projet qui est catégoriquement rejeté par les comunes et qui ne suscite pas l’enthousiasme du gouvernement catalan, attend toujours la conclusion du processus administratif qui lui donnera le feu vert.

Différend politique

Le plan directeur d’aménagement urbain (PDU) qui doit réglementer le terrain sur lequel cette initiative privée doit être installée devait être approuvé au cours du premier semestre 2023, comme convenu par le gouvernement catalan – dirigé par ERC – et le PSC dans le cadre du budget 2023 de la Generalitat.

Bien que cela ne se soit pas produit, les socialistes catalans considèrent que l’accord a été respecté en raison de la volonté manifestée par le président catalan, Pere Aragonès, et son cabinet pour que le projet aille de l’avant, alors que ce sont les communes qui manifestent leur rejet absolu.

“Cela implique de parier sur un modèle spéculatif et dépassé qui correspond davantage au Madrid de sa présidente, Isabel Díaz Ayuso, qu’à ce que nous voulons pour la Catalogne”, a déclaré la présidente de ce groupe parlementaire, Jéssica Albiach, bien que ce groupe ait donné son approbation au budget 2023 en connaissant les détails de l’accord entre le gouvernement et le PSC.

Le gouvernement lui-même a également exprimé des positions opposées : le ministre de la santé, Manel Balcells, a déclaré cet été qu’il était “absolument contre” l’accord et a exprimé son “espoir” que les promoteurs fassent marche arrière, tandis que la ministre du territoire, Ester Capella, a fait part de son malaise : “On hérite de ce que l’on a, pas de ce que l’on voudrait”.

Une décennie d’attente

Le projet, qui porte aujourd’hui le nom de Hard Rock Entertainment World, est dans les tiroirs depuis plus de 10 ans et attend toujours qu’un rapport du Département de l’action climatique donne le feu vert à l’approbation du PDU.

En septembre 2012, comme alternative à l’Eurovegas du magnat Sheldon Adelson (un projet qui a opté pour Madrid au lieu de la Catalogne, sans finalement être réalisé), le gouvernement a annoncé qu’il promouvrait un macro-complexe de loisirs et de tourisme avec 6 casinos et 6 hôtels avec l’aide du groupe d’investissement Veremonte, détenu par Enrique Bañuelos.
En 2014, suite à un accord entre le président Artur Mas et le leader du PSC de l’époque, Pere Navarro, le Parlement a réduit la charge fiscale sur les casinos à 10%. L’ouverture du projet, baptisé BCN World, était prévue pour 2016.

Après le Consorci Intermunicipal de Vila-seca i de Salou (CRT), les deux villes où ce macro-complexe doit être situé, l’initiative a subi un revers majeur lorsque Veremonte s’en est retiré.
Ce n’est qu’en 2016 qu’un PDU a été approuvé, réduisant de 25 % le terrain aménageable et de sept fois l’espace alloué aux casinos ; et c’est en 2018 que la Generalitat a accordé au groupe Hard Rock l’autorisation d’installer et d’exploiter le macro-complexe, déjà décaféiné par rapport à l’initial BCN World.

Enfin, un arrêt du Tribunal Supérieur de Justice de Catalogne (TSJC), qui a déclaré partiellement nul le projet de BCN World.

Tout est en suspens jusqu’à l’approbation du PDU

Le gouvernement finalise actuellement la reformulation du PDU, qui a été déclaré partiellement nul et non avenu, dans l’attente du rapport sur l’action climatique susmentionné, après avoir reçu l’approbation du ministère de l’Entreprise et de l’Emploi.

Si cette approbation est finalement obtenue, le consortium CRT sera le premier à valider le PDU, qui passera ensuite entre les mains de la Commission territoriale de Catalogne.
Ensuite, il faudra signer le contrat d’achat, pour au moins 120 millions d’euros, du terrain sur lequel doit se situer Hard Rock Entertainment World : l’acheteur serait la société BCN IR 3, avec le représentant légal James F. Allen, un homme d’affaires qui apparaît dans les “paradise papers”, une enquête journalistique qui a rendu public un réseau d’évasion fiscale.

Le terrain appartient à Mediterranea Beach & Golf Community, une filiale de CriteriaCaixa, la branche d’investissement de La Caixa, mais officiellement, il serait acquis par l’intermédiaire de l’Institut catalan des terres (Incasòl), qui achèterait et vendrait le terrain dans le même acte, dans le cadre d’une opération financière alambiquée.

Investissement de 2.000 millions d’euros

Selon les derniers plans communiqués, en 2018, le complexe de loisirs de Hard Rock Entertainment comprendra des hôtels, un casino, des espaces de divertissement et de spectacle, ainsi qu’une avenue commerciale avec des magasins, le tout après un investissement initial d’environ 700 millions d’euros, qui pourrait atteindre 2 milliards d’euros.

Source: Hosteltur