2011, l’année de la reprise du tourisme en Espagne

Le Printemps arabe a largement expliqué la hausse du nombre d’arrivées de touristes étrangers au premier trimestre tandis que le tourisme intérieur souffre de l’essoufflement économique des familles espagnoles. Neuf millions de visiteurs étrangers se sont rendus en Espagne au premier Trimestre 2011, soit 3% de plus qu’il y a un an : l’Espagne n’en attendait pas tant ! En mars, les nuits à l’hôtel ont augmenté de 4,9% par rapport à l’an dernier. Après deux ans de crise, il semble que le secteur du tourisme ait repris des couleurs en ce début d’année. Un signe positif dans un pays dont 10% du Produit Intérieur Brut (PIB) dépend du tourisme. Toutefois, la forte reprise du tourisme en Espagne n’a pas été harmonieuse. Exceltur, l’organisation patronale du secteur touristique, constate ainsi que « les destinations de vacances de la péninsule et des Baléares ont à peine noté l’amélioration de la demande étrangère ». On note là l’effet dudit « Printemps arabe ». En effet, cette demande « s’est concentrée vers les îles Canaries », les touristes étrangers à l’origine intéressés par des séjours dans le Maghreb ayant été redirigés vers l’archipel compte tenu de la situation géopolitique du Nord de l’Afrique. On constate d’ailleurs que certaines des principales augmentations de touristes étrangers, procèdent de pays d’habitude grands émetteurs de touristes vers les pays du Nord de l’Afrique, comme la France et l’Italie, dans une moindre mesure. Le choix des Canaries est logique, ses conditions climatiques étant similaires à celles du Maroc. Les Anglais demeurent toutefois le premier contingent (20,2%) de touristes étrangers. Le Secrétaire général du Tourisme et du Commerce Intérieur, et président de l’Institut du Tourisme d’Espagne, Turespaña (Tourspain), Joan Mesquida, estime néanmoins que « dire que toute la récupération touristique se nourrit de ces incidents n’a pas de raison d’être. La réalité est que nos prévisions avant les révoltes dans les pays arabes étaient déjà très positives ». Il n’en demeure pas moins que l’effet de la crise dans cette région est indéniable. La récupération du secteur est donc fortement liée à la conjoncture sociopolitique troublée des concurrents de l’Espagne en matière de tourisme de « sol y playa ». Quoi qu’il en soit, les perspectives pour 2011 sont bonnes. Exceltur prévoit ainsi une hausse du PIB du secteur de 2,4% sur l’année, boostée, entre autres, par la crise dans les pays arabes et par la reprise économique dans les autres pays d’Europe. De plus, l’Espagne jouit d’atouts qui continuent d’attirer les visiteurs, comme les nombreux terrains de golf, parcs de loisirs, entre autres. Ces services et infrastructures touristiques font d’ailleurs partie des principaux bénéficiaires de la conjoncture favorable du premier trimestre, avec les hôtels du littoral (en particulier aux Canaries), les musées et autres monuments, ainsi que les principales agences de voyages, selon Exceltur. Le bilan du tourisme rural ou de montagne est moins positif, mais reste plein de promesses, en tant que flambeaux d’une offre touristique renouvelée en Espagne : « On a continué à travailler sur de nouveaux produits (nouveaux parcours à l’intérieur, gastronomiques, culturels, lingüistiques, sportifs, de nature, d’expériences…), de nombreux progrès ont été réalisés dans les produits et destinations déjà existants, et la promotion extérieure a été améliorée avec des campagnes plus segmentées et mieux ciblées… Et la réponse du touriste étranger est très positive. Ceci ne veut pas dire que l’on abandonne les produits touristiques traditionnels, comme le « sol y playa », au niveau desquels nous sommes leaders mondiaux », estime Antonio López de Avila, directeur de l’Executive Master in Tourism Management à l’IE Business School. Au-delà des infrastructures et des services, l’Espagne dispose en outre de capitaux inaltérables comme le soleil et les plages… Toutefois, la pluie justement a une nouvelle fois fait des siennes pendant la Semaine Sainte, pourtant plus tardive cette année que l’an passé. Certes, mais touristes ne semblent pas avoir précipité leur retour chez eux pour autant. Joan Mesquida Ferrando affirme que l’occupation hôtelière a été de plus de 85% pendant la Semaine Sainte, dans la lignée des attentes du Gouvernement. Il en déduit que « les conditions climatologiques n’ont pas été déterminantes ». Le tourisme de la semaine sainte se nourrit majoritairement de visiteurs espagnols. Et c’est là que le bât blesse. Le rapport d’Exceltur note une baisse du nombre de touristes nationaux au premier trimestre. Ces derniers restent en outre regardants sur les dépenses, compte tenu de l’état de leur porte-monnaie et de leur faible confiance quant à une récupération économique du pays. Rien de grave toutefois selon M. Mesquida, qui affirme que « le tourisme national est en phase de lente récupération ». Quoi qu’il en soit, il est permis de s’interroger : une récupération durable du tourisme est-elle envisageable sans une reprise de l’économie espagnole et sans un gain substantiel du pouvoir d’achat des habitants de ce pays ? D’autant que, comme le rappelle Antonio López de Ávila, « le marché interne en Espagne est très important et a réussi à être le sauveteur du secteur touristique en de nombreuses occasions ». Dans ce contexte, le salut viendra des touristes étrangers. Là-dessus, pas d’inquiétude : ces derniers « recherchent une destination d’excellent rapport qualité-prix, avcec de bonnes infrastructures et dans lequel ils se sentent bien traités. Le touriste exige de plus en plus à sa destination et l’Espagne est parée pour le lui donner », conclut-il. Gaëlle Lucas

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