Le Courrier d’Espagne a reçu Laurent Goater, candidat aux élections législatives investi par LR-UDI-Les Centristes. Bien établi chez les français du Portugal depuis de longues années, actif dans le tissu consulaire comme dans l’entreprise, il revient entre autres sur le rôle des Institutions vis-à-vis des acteurs français privés qui circulent dans la circonscription.

Vous connaissez bien le monde de l’entreprise, pensez-vous que les entrepreneurs français sont bien aidés sur la circonscription ? Que leur proposez-vous concrètement ?

Je suis directeur des ventes d’un grand groupe ibérique et j’ai été responsable des ventes pour l’Espagne. Je pense que nos entrepreneurs ne sont pas assez aidés, notamment par le système public (Ubifrance, Business France etc…) qui se consacre plus aux grands projets qu’aux TPEs. 

D’une part, je souhaite que les entrepreneurs qui travaillent dans plusieurs pays européens durant leur carrière ne fassent pas face à une complexité infinie au moment de remplir leurs papiers, notamment pour leur retraite. D’autre part, je souhaite que les banques prennent en compte les historiques dans d’autres pays et acceptent plus facilement des garanties dans un autre pays européen. La BPI doit soutenir les entrepreneurs français où qu’ils sont. Notre commerce extérieur est en bien mauvais état car nos entrepreneurs ne sont pas assez motivés à sortir de France pour vendre les produits français à l’étranger et développer la présence de nos entreprises. 

Enfin, quand un entrepreneur français a besoin d’un coup de main auprès d’un maire espagnol ou portugais, pour pouvoir s’agrandir ou résoudre des questions qui bloquent son développement, je trouve normal que le député soit à ses côtés. A charge de revanche, ensuite, je lui demanderai d’aider le tissu associatif français dans sa région.   

Les Institutions françaises et leurs structures économiques peuvent-elles jouer un autre rôle dans l’économie hispano-ibérique, entre autres, pour les entrepreneurs et les PME ? 

Bien évidemment. Le principe est simple : elles doivent être au service des entrepreneurs. Nos institutions ont beaucoup de compétences mais ne se tournent pas vers l’action. Le député a vocation de mettre tout le monde autour de la table, assurer le dialogue et augmenter le rythme d’exécution. Surtout, comme c’est mon cas, s’il est lui-même compétent dans le développement des affaires. Je constate que les deux députés sortants ne l’ont pas assez fait, et que nos petits entrepreneurs se sentent délaissés. Il y a d’ailleurs aussi une dimension de réseau entre villes ibériques que je peux également soutenir. 

Et puis, il y a des questions d’influence. La France a des atouts dans certains domaines économiques, il faut travailler autour de ces atouts avec tous les acteurs capables de les soutenir, les conseillers élus, les CCE, les chambres de commerce, les clubs d’affaires qui sont extrêmement actifs mais pas assez soutenus par les institutions publiques. En se mettant à la disposition de tous et en réunissant les énergies, le député peut faciliter notre développement économique. 

Vous êtes conseiller consulaire, que dites-vous sur le réseau consulaire français ? Certains papiers comme le permis de conduire est un problème. Une réponse ?

La dégradation de nos services consulaires est inadmissible. On a estimé qu’on pouvait tout dématérialiser, retirer les agents en contact avec les usagers, le résultat est catastrophique. Je n’admets pas que nous ayons des valises consulaires et qu’elles ne circulent pas au moins 100 jours par an, donc on oblige nos compatriotes hors de Madrid ou Barcelone à se déplacer, alors que la valise est conçue pour qu’un fonctionnaire vienne au plus près d’eux. C’est tout de même plus simple de déplacer une personne que 20 par jour ! Ce ne serait pas ainsi si la députée sortante en avait fait une priorité, elle avait soit-disant l’écoute du gouvernement.

Concernant le permis de conduire, c’est une vielle bataille, résolvons cette difficulté pour nos compatriotes. Un permis européen est valable dans toute l’Europe. Mettons-nous d’accord entre gouvernements pour arrêter d’exiger des remplacements, qui compliquent la vie des gens inutilement.

Beaucoup de français se plaignent depuis des années du coût des lycées français, que peut-on faire pour le réduire, et de combien ? D’autres alternatives aux lycées français peut-être ?

Nous sommes grands seigneurs avec de l’argent que nous n’avons plus. Commençons pour décider que les familles françaises doivent bénéficier en priorité de l’argent que le contribuable français accepte de nous donner, soit un gain de 1564€ par élève français et par an, et que les familles étrangères devront payer le juste prix. Donc réduisons le coût de scolarité pour les familles françaises.

Mais je me préoccupe des 48% d’enfants français inscrits au registre (beaucoup plus ne le sont pas) car il n’y a pas de place ou le Lycée Français est trop loin. Pour eux, je mettrai en place un chèque-éducation, pour financer des cours complémentaires en français (Français langue maternelle, histoire-géo et instruction civique) ce qui permettra de soutenir nos dispositifs FLAM, nos Alliances, et nos professeurs. Sortons de cette vision étatique de notre enseignement, pour donner le choix aux familles. 

La péninsule ibérique est le “Miami” de l’Europe avec un afflux considérable de retraités chaque année. Que leurs proposez-vous ?

Un retraité New-Yorkais irait-il passer sa retraite au soleil de Miami si on lui demandait en permanence des papiers à remplir ? Nous avons construit l’Europe en permettant à tous les retraités européens d’aller vivre où bon leur semble, mais nous avons maintenu des procédures inutiles et trop complexe. Je veux simplifier, et surtout faire de cette volonté de nombre de retraités du « Nord » une opportunité pour le « Sud ». Ce sont des emplois, pour l’aide à la personne, pour les services de santé, pour nos restaurateurs. Faisons de la « Silver Economy » un axe majeur du développement des affaires entre la France et la péninsule ibérique. Là encore, le député peut jouer un rôle utile, en travaillant sur la simplification administrative, en expliquant cette opportunité aux autorités locales, en aidant les entrepreneurs à organiser des ensembles cohérents pour attirer ces retraités et leur permettre une retraite plus épanouie.  

Laurent Goater, dans les locaux du Courrier d’Espagne jeudi 19 mai.

Note*

Sur demande, et uniquement sur demande, des candidats pour la 5ème circonscription, Le Courrier accepte de les recevoir dans ses bureaux afin qu’ils exposent leurs thématiques. Nous n’avons formalisé aucune demande d’interview nous-mêmes.

Naturellement, respectant l’univers de chacun d’eux et de leur lectorat, les questions ne sont pas les mêmes. Et un entretien informel préalable, et surtout physique, avec eux a été fait avant de soumettre les questions. Chacun ayant son univers du moment.

Nous rappelons que Le Courrier d’Espagne coûte zéro euro au contribuable car ne reçoit aucune subvention de l’Etat. Sous quelque forme que ce soit. C’est une publication indépendante (politiquement et financièrement) et neutre depuis 18 ans dont l’objet est de fournir des informations et des contacts pour ceux qui veulent investir ou s’implanter sur la péninsule ibérique.

Rédaction LCE Madrid / Philippe C.