Dana : Après le choc des photos, le poids des chiffres

 

Un mois, jour pour jour, après le passage de La Dana sur la région sud de Valence, voici, en quelques chiffres, l’ampleur des destructions provoquées par ces inondations historiques.
Ces estimations, issues de divers organismes publics et organisations professionnelles, sont susceptibles d’évoluer. Bien qu’elles ne soient pas exhaustives, elles offrent un aperçu précis des dégâts constatés et du vaste chantier de reconstruction qui s’annonce.

Cependant, ces chiffres ne reflètent pas la tristesse, le sentiment d’impuissance et d’abandon ressenti par les populations pendant et après les événements. Beaucoup attendent encore les aides ou indemnisations des compagnies d’assurance.
Il est difficile de mesurer les conséquences collatérales sur l’économie locale (notamment touristique, mais pas uniquement), ainsi que les conséquences politiques avec la défiance croissante envers la classe politique espagnole. Les élus régionaux et nationaux sont coupables et responsables ne pas avoir réalisé les travaux pourtant prévus et financés en grande partie par l’Union européenne dans le cadre du plan d’aménagement hydraulique de la région. Environ 200 millions d’euros investis dans le fameux barrage de Cheste, auraient permis de limiter considérablement l’impact des pluies torrentielles du 29 octobre dernier. Une série de plaintes contre l’administration ont conduit à l’ouverture d’enquêtes judiciaires pour homicides involontaires, défaut de protection, négligence et non-assistance à personne en danger. 130 00 personnes ont d’ailleurs manifesté le samedi 9 novembre dans le centre-ville de Valencia demandant la démission de Pedro Sanchez et Carlos Mazón.

Les chiffres des destructions

• 222 morts, 5 disparus et moins d’une centaine de blessés, sans compter les nombreuses victimes de stress post-traumatique, adultes comme enfants.
• 325 000 personnes et plus de 75 000 habitations touchées (source : programme satellitaire européen Copernicus).
• 75 municipalités affectées à divers degrés dans la province.
• 530 km² : surface du territoire concerné.
• 99 kilomètres de lignes de train ou de métro endommagés. Les lignes souterraines du métro de Valence devraient reprendre du service le 6 décembre.
• 40 kilomètres de plages souillées.
• Plus de 100 000 bâtiments (maisons, garages, commerces, bureaux ou entrepôts) endommagés ou détruits.
• Près de 50 000 agriculteurs et éleveurs affectés sur 70 000 hectares de cultures : les systèmes d’irrigation, les serres, le matériel agricole et les récoltes sont gravement impactés.
• 23 550 personnes au chômage technique et 70 000 auto-entrepreneurs touchés.
• Plus de 48 700 entreprises affectées, représentant 20 % du PIB de la province de Valence.
• 200 000 tonnes de déchets ramassées en un mois, soit plus que les 180 000 tonnes produites annuellement dans toute la Communauté Valencienne.

Les infrastructures

• 26 ponts, 2 tunnels et 80 kilomètres de routes détruits, notamment sur l’A7 et le by-pass. Certains axes secondaires restent fermés.
• Entre 100 000 et 120 000 véhicules hors d’usage, soit 28 % du parc automobile de la province. Les carcasses sont regroupées sur 60 sites répartis dans la région.
• Plus de 18 000 militaires, policiers (Police Nacional, Guardia Civil, police locale), pompiers et secouristes ont été envoyés sur place, bien que tardivement.
• 10 000 élèves sont encore sans écoles, car 92 établissements scolaires ont été endommagés. 24 rouvriront bientôt. Pour les autres, des installations préfabriquées seront opérationnelles en janvier.
• 118 arrestations pour vols ou pillages.

Le coût financier


• 22,7 milliards d’euros d’aides gouvernementales débloquées, avec la promesse de limiter la bureaucratie.
• Mobilisation du secteur privé :
• Le groupe Inditex (Armancio Ortega) a créé un fonds de 100 millions d’euros pour les collectivités locales.
• Juan Roig (Mercadona) a dédié 25 millions d’euros au soutien entrepreneurial.
• La Banque européenne d’investissement (BEI) a alloué 900 millions d’euros pour la reconstruction des infrastructures.

Le chiffre à retenir : celui de la solidarité et de la générosité

Le chiffre le plus marquant reste celui de la solidarité : environ 50 000 volontaires se sont mobilisés dès les premières heures, apportant eau, nourriture et aide au nettoyage. Depuis, ce flux, principalement composé de jeunes venant de toute l’Espagne, et même de l’étranger, est constant bien qu’en nette baisse. Des bras, de la bonne volonté et des dons sont encore nécessaires et le seront encore très longtemps.

Les victimes craignent d’être oubliées à mesure que le temps passe. Elles savent qu’elles auront besoin d’aides et de financements pendant de très nombreuses années pour la reconstruction.

Laurence Lemoine

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