Un projet ambitieux de 64 millions d’euros va métamorphoser le Bioparc de Valencia en un parcours immersif autour de la mythique Route de la Soie. Présentée lundi par la société gestionnaire Rain Forest, après une réunion avec la maire María José Catalá, cette extension s’articulera en trois grandes phases, étalées sur plusieurs années, et transformera le parc animalier en une référence culturelle et historique unique en Europe.
Une première étape entre Afrique et mer Rouge
La première phase, dotée d’un budget de 18 millions d’euros, s’étendra sur les terrains attenants au parc, près du parc de Cabecera. Elle proposera un voyage inédit de la Chine à l’Afrique en passant par Valencia, à travers une reconstitution de l’écosystème reliant Mombasa à Alexandrie, surnommé le Chemin Copte. Deux grandes volières y accueilleront des espèces autochtones, aux côtés de primates, chauves-souris, reptiles et amphibiens.
Parmi les autres points forts : une représentation de la mer Rouge, un espace de restauration inspiré de Zanzibar, des monuments retraçant les grandes civilisations de la Route de la Soie, une évocation de l’Égypte pharaonique, et une aire de jeux pour enfants reprenant l’univers d’une ferme éthiopienne avec des animaux domestiques typiques. L’ouverture de cette première section est prévue pour la fin de l’année 2027.
Deuxième phase : l’histoire de la soie et des ¨alquerías¨
La deuxième étape du projet, plus patrimoniale, bénéficiera de plus de deux millions d’euros pour réhabiliter les alquerías, ces anciennes fermes traditionnelles valenciennes, situées à proximité du site. L’idée est de raconter comment la Route de la Soie, après Alexandrie, a traversé la Méditerranée pour atteindre Valencia, ville qui a su faire fructifier l’art de la soie.
Ces fermes reconstituées permettront aux visiteurs de comprendre tout le cycle de la soie, depuis l’élevage des vers nourris aux feuilles de mûrier jusqu’au tissage du précieux fil. Des métiers à tisser seront exposés, dans une scénographie immersive retraçant le savoir-faire textile qui a marqué l’histoire économique de Valencia.
Troisième phase : cap sur la Chine impériale et la réalité virtuelle
La dernière phase, la plus ambitieuse, mobilisera à elle seule 44,5 millions d’euros. Elle concernera les terrains situés avant le pont d’entrée du Bioparc, le long de l’avenue, et nécessitera une révision du plan d’urbanisme. Sa mise en œuvre devrait s’étaler sur environ quatre ans.
Ce nouvel espace transportera les visiteurs en pleine Chine impériale, avec la reconstitution d’un jardin traditionnel, des fermes chinoises, un théâtre d’ombres, une cérémonie du thé, des cours d’eau artificiels, et même un voyage virtuel à dos de dragon au-dessus des plus grands parcs naturels chinois, grâce à la réalité virtuelle.
Un espace sera aussi dédié au ¨tornaviaje¨ — le voyage retour de la Route de la Soie via le Pacifique et les Philippines — pour boucler le récit global du parcours. L’ensemble vise à offrir une expérience immersive et ludique tout en valorisant les liens historiques, économiques et culturels entre l’Orient et Valencia.
Un projet durable, loin du parc aquatique abandonné
Rain Forest a précisé que ce projet sera intégralement durable, notamment en matière de gestion de l’eau, en réponse aux inquiétudes environnementales. Même le parcours fluvial prévu dans la dernière phase a été conçu dans une optique écoresponsable. L’ancien projet de parc aquatique, jugé trop gourmand en ressources, a ainsi été abandonné au profit de cette vision plus respectueuse du territoire.
Pour la maire María José Catalá, ce projet est « complet, cohérent et approprié » et permettra de faire du Bioparc « un lieu unique au monde, qui ne pourrait exister qu’à Valencia ».
Laurence Lemoine