Baisse de la natalité en Espagne : la chute se confirme

Au cours de la dernière décennie, le nombre de naissances en Espagne a chuté de 27,6 %. C’est ce que révèlent les dernières données de l’INE (Instituto Nacional de Estatisticas) publiées la semaine dernière.

En 2022, 329 251 enfants sont nés, soit 2,4 % de moins (8 129) que l’année précédente, mais beaucoup moins que les 454 648 enfants nés en 2012 : en 10 ans, l’Espagne a perdu plus de 100 000 naissances.

Naissances hors mariage

Une autre donnée fournie par ces nouvelles statistiques de l’INE révèle qu’en 2023 en Espagne, pour la première fois, le nombre d’enfants nés de mères célibataires (dont l’état-civil est le célibat, même si elles ont un partenaire stable) dépassera celui des mères mariées, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. En effet, en 2012, 277 619 enfants sont nés d’un couple marié, contre 176 969 enfants nés d’une mère célibataire, mais cette année, le nombre d’enfants nés d’une mère célibataire dépassera celui des enfants nés d’un couple marié.

Les données montrent qu’en moyenne, les Espagnoles ont des enfants à 33,1 ans, tandis que les femmes nées hors d’Espagne, mais vivant ici, ont des enfants plus tôt, à 30,5 ans. Aussi, le pourcentage de mères étrangères a augmenté, atteignant 23,04 % contre 21,43 % en 2021.

Maman de plus en plus tard

En plus d’être célibataires, les mères sont de plus en plus âgées. Si l’on compare l’âge des mères d’il y a dix ans à celui des mères d’aujourd’hui, on constate que les naissances ont diminué dans tous les groupes d’âge inférieurs à 40 ans : 41 % de naissances en moins chez les femmes âgées de 15 à 19 ans ; 32 % chez celles âgées de 20 à 25 ans ; 35 % chez celles de 25 à 29 ans ; 36,5 % chez celles de 30 à 35 ans ; et 21 % en moins chez les mères de 35 à 39 ans. Par contre, le nombre de naissances chez les mères âgées de 40 à 45 ans a augmenté de 22,3 % et le nombre de naissances chez les femmes âgées de 45 à 49 ans a explosé : +112,9 % soit plus du double en une décennie !

L’Espagne occupe la première place Européenne en ce qui concerne le pourcentage de bébés nés de mères âgées de plus de 40 ans par rapport au nombre total de naissances (10,7 %). Cette proportion est proche de celle d’autres pays du sud de l’Europe, comme la Grèce (9,7 %), l’Italie (8,7 %) et le Portugal (8,4 %), mais double celle de la France (5,1 %), de l’Allemagne (4,9 %) ou de la Suède (4,6 %).

Les données de l’INE apportent également d’autres éléments informatifs : dans seulement 6 des 52 provinces espagnoles, le nombre de naissances a augmenté par rapport à l’année dernière. Il s’agit de Madrid (+663), Valencia (+156), Huesca (+123), Guipúzcoa (+87), Salamanca (+53) et Badajoz (+45). La pire performance est celle de Barcelona, avec 970 naissances de moins qu’au cours des neuf premiers mois de 2022.

De nombreuses raisons expliquent tous ces changements comme les difficultés rencontrées par les jeunes espagnoles pour accéder à un emploi stable, à un foyer durable, à un logement et une sécurité financière, nécessaires pour élever des enfants. Il y a par ailleurs, de moins en moins de femmes en âge de féconder, un facteur lié au vieillissement de la population. Rien n’indique que le désir de maternité soit plus faible en Espagne que dans d’autres pays, mais il semble que les femmes (et leurs partenaires), ne soient pas en mesure de concrétiser jeune leur désir de maternité pour des questions économiques et sociétales.

Le principal défi découlant des taux de fécondité et de natalité très bas, est la viabilité à moyen et long terme du système de retraite, mais aussi l’augmentation des dépenses liées à la dépendance des personnes âgées. Ce scénario démographique et social n’est pas propre à l’Espagne, mais demande des réponses efficaces de la part des pouvoirs publiques.

Laurence Lemoine

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