Il faudra vous y faire… À partir de maintenant, chaque 20 septembre sera l’occasion de fêter officiellement et dans le monde entier la paella…À travers ce plat iconique, c’est aussi la culture gastronomique Valenciana et le berceau même de ce plat typiquement espagnol, Valencia, qui seront à l’honneur et sous le feu des projecteurs…
Mai pourquoi diable une journée mondiale consacrée à ce plat, qui rappelons-le n’était autrefois qu’un “plat de pauvre” ? Car la Paella, avant d’être le plat que l’on connaît aujourd’hui, n’était qu’un grossier mélange de restes ! En fait, ce plat est né au 18e siècle, lorsqu’en fin de semaine, les maîtresses de maison en panne d’inspiration et surtout d’aliments, mélangeaient leurs restes de poulets, lapins et haricots, au riz, cultivé à proximité. C’est à quelques kilomètres au sud de Valencia, là même où encore aujourd’hui se trouvent les principales rizières de la région, que la paella est née : la Albufera, cette grand étendue d’eau douce qui permet une parfaite irrigation, est considéré comme le lieu de naissance officiel de ce plat dont la notoriété est devenue planétaire.
C’est après la guerre civile que la paella est choisie comme emblème culinaire pour exporter l’image de l’Espagne : afin de développer le tourisme, ce plat, qui a l’avantage d’être constitués d’ingrédients peu coûteux, est mis en avant, et cela, d’autant plus que les couleurs, le rouge du poivron et de la tomate avec le jaune du riz safrané, rappellent celles du drapeau espagnol.
Ce plat d’origine modeste donc, mais dont le coût dans certains restaurants n’a rien de modeste s’est donc fait une place au soleil au fil du temps : la paella a depuis peu son symbole digital avec l’émoji qui la représente dans vos smartphones : ceci fut le fruit d’une très intense campagne menée sur les réseaux sociaux et jusque dans les bureaux d’Unicode (qui réunit Apple, Google, Microsoft, IBM y Adobe) société chargée de gérer les smileys ou émojis, cette langue imagée et internationale… C’était une première victoire et un pas supplémentaire vers l’obtention du label “journée mondiale”, octroyé cet été.
Certaines de ces journées sont connus de tous et permettent une réelle mobilisation en faveur d’une cause (la journée mondiale contre la Lèpre, contre le cancer ou Alzheimer)… Rien que pour la santé, il y en a 200, ce qui permet de sensibiliser ou récolter des fonds pour financer la recherche par exemple. Mai d’autres ne servent à rien et passent totalement inaperçues comme la journée mondiale de la barbe, du pull de Noël ou de la bataille de polochons ! Ce sont les associations, syndicats professionnels ou représentants religieux ou politiques qui peuvent, en s’armant de patience, faire une demande auprès de l’Unesco ou de l’OMS pour mettre à l’honneur la thématique de leur choix. Mais aucune marque commerciale ne peut être célébré même si dans certains cas, des entreprises privées sont en réalité derrière une telle initiative. C’est le cas avec la journée mondiale du yoga, utilisée par les fabricants de vêtement et de tapis pour organiser des événements et ainsi en faire un outil de marketing.
Nul doute que bon nombre d’entreprises sauront tirer parti de cette nouvelle journée de la paella : à commencer par les responsables touristiques de la ville de Valencia qui y voit une excellente opportunité de “vendre” la troisième ville d’Espagne comme destination gastronomique. Valencia au passage rappelle qu’elle a un poids agricole important puisque 15 % de la production de riz espagnole vient de la région ; l’industrie de la restauration saura également mettre en valeur son savoir-faire et engranger les profits que peuvent générer un engouement, fut-il éphémère, pour ce qui a trait à la paella.
Laurence Lemoine