Incendie de Valencia : après le choc, la tristesse et les questions

Alors que l’immeuble de 138 appartements qui a pris feu hier après midi dans le quartier de Campanar à Valencia, termine de se consumer, que les pompiers et les équipes de secours entrent à peine dans les décombres de cette bâtisse qui avait pourtant fière allure, l’heure est au bilan : 10 morts dont 1 bébé de 2 semaines et 10 blessés, dont plusieurs pompiers. 

C’est toute l’Espagne qui est endeuillée et ce sont tous les Valencianos qui déplorent la tragédie. Les images et vidéos qui circulent depuis hier montre à quelle vitesse les flammes se sont propagées depuis un balcon situé au 4e étage puis, au reste de la façade et à l’ensemble des appartements repartis sur 14 étages en deux blocs accolés. Malgré l’intervention des pompiers, aidés par des renforts venus de toute la région, il ne reste aujourd’hui qu’une carcasse de béton, des cendres, des vies brisées et de nombreuses interrogations.

Une enquête judiciaire a été ouverte ce matin avec secret de l’instruction et aucune information ne filtre sur l’origine de cet incendie que l’on imagine plutôt accidentelle. Un mégot de cigarette mal éteint, un court-circuit électrique ou un accident domestique pourrait expliquer le début du sinistre. Selon le gardien de l’immeuble, le feu s’est déclaré dans un appartement qui était vide de ses occupants au moment du sinistre.

Ce qui s’explique plus difficilement, c’est la raison pour laquelle le feu s’est si vite propagé, devenant en quelques instants, incontrôlable : sont incriminés les matériaux utilisés pour la façade notamment du polyuréthane, hautement inflammable. Des analyses sont en cours pour déterminer avec exactitude le type d’isolant présent dans cette façade.

La partie extérieure de cet immeuble, faite de plusieurs couches de matériaux isolant, certains à base de polyuréthane, de fibre de roche ou de résine a eu un “effet de cheminée et a favorisé la propagation du feu” selon le président de l’Ordre officiel des architectes de Valencia, Luis Sendra. Cet immeuble a été construit entre 2005 et 2008 par le promoteur Fbex (qui a fait faillite en 2022), en pleine période de bulle et folie immobilière : à cette époque, il n’y avait pas autant de restrictions sur les matériaux pour les façades et le mobilier de terrasse ; les réglementations anti-incendie actuellement en vigueur ont été consolidées plus tard, en 2011. Ce drame rappelle celui de juin 2017, à Londres, lorsque la tour Grenfell s’était enflammé comme une torche, les flammes se propageant à grande vitesse à cause du revêtement posé sur la façade.

Trois jours de deuil, une minute de silence demain et annulation ou report de spectacles

En mémoire des victimes, le Conseil Municipal de Valencia appelle à une minute de silence demain samedi à 12 h 00 et la plupart des concerts, matchs sportifs et événements liés aux Fallas comme la fameuse Crida (coup d’envoi des grandes fêtes traditionnelles de Valencia) ont été annulés ou reportés, par solidarité avec les familles affectées.

Les pouvoirs publics (mairie, Generalitat, Gouvernement) et l’ensemble des habitants de Valencia, dans un élan de solidarité sans précédent, se mobilisent pour venir en aide aux familles : des collectes de vêtements, matériel et nourriture sont en cours, des hôtels hébergent certaines familles, les avocats, psychologues, compagnie d’assurances et commerçants, ont tous offerts leur support pour venir en aide aux nombreuses victimes.

Laurence Lemoine

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