Au 3ème trimestre, 580 nouveaux cas de squats de logements ont été portés devant les tribunaux, soit 55% de plus qu’au cours de l’été 2023. La Catalogne est la communauté autonome qui compte le plus grand nombre de cas.
Les tribunaux espagnols continuent de recevoir des centaines de cas de squats. Selon les données du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ), au cours des 9 premiers mois de l’année, les tribunaux de 1ère instance ont reçu un total de 1.782 procédures de possession verbale pour occupation illégale de propriétés résidentielles.
Au cours des 3 premiers mois de l’année, ils ont reçu 563 plaintes, tandis qu’au printemps, ce nombre est passé à 639 et en été, à 580 procédures. Bien que le volume du 3ème trimestre soit inférieur à celui des 3 mois précédents, il a augmenté de 55% en glissement annuel (à l’été 2023, il y avait 373 affaires).
La plupart des régions autonomes ont connu une augmentation en glissement annuel, à l’exception de la Galice, des Asturies, de La Rioja et de l’Estrémadure, qui ont enregistré des baisses, et des îles Canaries, qui ont enregistré le même nombre d’affaires que l’été dernier (25).
Du côté des augmentations, on trouve la Cantabrie (avec une augmentation de 500% d’une année sur l’autre), la Catalogne (173%), la Castille et Léon (130%) et le Pays basque (112%). L’Andalousie (81%), la Castille-La Manche (79%), les Baléares (63%), la Communauté valencienne (56%) et la Navarre, qui est passée de 0 à 2 procédures, se situent également au-dessus de la moyenne nationale.
La Catalogne, la région la plus touchée
En termes de volume de procédures judiciaires, la Catalogne est en tête du classement national, tant au 3ème trimestre que sur l’ensemble de l’année, avec un poids proche de 20% dans les 2 cas.
Selon le CGPJ, entre juillet et septembre, 123 nouvelles plaintes sont parvenues aux tribunaux de première instance catalans, soit 21,2% du total national (580). L’Andalousie et la Communauté valencienne ferment la marche, avec plus d’une centaine de procédures introduites au cours du 3ème trimestre de l’année. La Rioja, la Navarre, l’Estrémadure, les Asturies et l’Aragon ferment la marche, avec un maximum de 5 nouvelles affaires introduites au cours de l’été.
La Catalogne, l’Andalousie et la Communauté valencienne sont les habitués du haut du tableau, mais pas toujours dans le même ordre. Au cours des 3 premiers mois de l’année, par exemple, c’est la région de Valence qui était en tête du classement, bien que depuis lors, la 1ère place soit occupée par son homologue catalane.
2024 – Procédures de prise de possession verbale pour occupation illégale de logements portées devant les tribunaux de première instance des Communautés européennes
En conséquence, la Catalogne est en tête du classement national depuis le début de l’année. Entre janvier et septembre, les tribunaux catalans ont reçu 366 procédures de possession verbale pour occupation illégale de logements, ce qui représente 20,5% du total national.
Viennent ensuite les régions de Valence et d’Andalousie, où les tribunaux de première instance ont été saisis de 334 et 326 nouveaux cas d’occupation illégale au cours des 3 premiers trimestres de l’année, respectivement, avec un poids de plus de 18% dans chaque cas. À elles 3, ces régions représentent 57,6% des nouvelles procédures et ont plusieurs éléments de preuve d’avance sur les autres.
Pour preuve, Madrid est la 4ème région en termes de nombre d’affaires portées devant les tribunaux en rapport avec le squat, avec 138 procédures, soit 7,7% de l’ensemble de l’Espagne. La cinquième région est Castilla-La Mancha, avec 111 affaires au cours des 9 premiers mois de l’année, ce qui représente 6,2% du total national.
Les tribunaux des autres régions autonomes ont reçu moins d’une centaine de procédures de squat entre janvier et septembre, avec un poids allant de 5,2% aux Canaries ou 4,4% aux Baléares à un témoignage de 0,3% à La Rioja. La Navarre, la Cantabrie et l’Aragon sont également en dessous de 1%.
Poids des régions autonomes sur le nombre total de procédures verbales pour occupation illégale de logements
Le squat reste un problème
Les données du Conseil général du pouvoir judiciaire confirment la théorie des experts selon laquelle les squats ne diminuent pas, comme le suggèrent les données sur les plaintes collectées par le ministère de l’Intérieur. Dans leur cas, les statistiques les plus récentes font état de 15.289 plaintes déposées auprès de la police pour l’ensemble de l’année 2023, incluant à la fois les délits d’effraction et d’usurpation du droit d’usage d’un bien, qui sont tous 2 des délits pénaux.
Par ailleurs, le CGPJ explique que ses statistiques tiennent compte des « procédures traitées par les tribunaux de première instance, qui permettent, en cas d’occupation illégale de logements, à la personne physique qui en est le propriétaire ou le possesseur légitime à un autre titre, aux entités sans but lucratif qui ont le droit de le posséder et aux entités publiques qui sont propriétaires ou possesseurs légitimes de logements sociaux, de demander la récupération immédiate de la pleine possession d’un logement ou d’une partie de celui-ci, à condition qu’ils en aient été privés sans leur consentement ».
Outre la hausse de 55% sur un an au 3ème trimestre, les 1.782 procédures liées à l’occupation illégale de biens immobiliers résidentiels enregistrées entre janvier et septembre sont en ligne avec celles enregistrées à la même période en 2023 (1.792 cas).
Et à ces cas s’ajoutent ceux qui ne sont signalés ni à la justice ni à la police. Selon les experts juridiques consultés par idealista/news, de plus en plus de propriétaires touchés par le squat illégal optent pour des solutions alternatives afin de récupérer la possession de leurs biens le plus rapidement possible, soit par la négociation et le paiement des squatters, soit en faisant appel à des entreprises spécialisées dans les expulsions.
Il convient de rappeler que le délai moyen d’obtention d’un jugement d’expulsion n’a jamais été aussi long, avec une moyenne de près de 24 mois en Espagne, y compris la première instance et les éventuels appels devant les tribunaux provinciaux. C’est pourquoi, dans de nombreux cas, des solutions alternatives sont recherchées pour récupérer les biens dans les plus brefs délais.
Durée moyenne des procédures judiciaires pour squat en Espagne
D’autre part, des cabinets d’avocats, des plateformes de personnes affectées et des entreprises de squat confirment à ce journal que l’épicentre du problème réside actuellement dans ce que l’on appelle les inquiokupaciones, c’est-à-dire les cas où il y a un non-paiement prémédité et volontaire du loyer, et qui ne sont pas pris en compte dans les statistiques.
Parmi les mesures qu’ils proposent pour s’attaquer au problème croissant des squats figure la nécessité d’augmenter l’offre de logements publics et sociaux à des prix abordables pour reloger les squatters, ainsi que d’éviter une réglementation excessive du marché de la location et de renforcer la sécurité juridique.
Les experts juridiques mentionnent également l’importance de raccourcir les délais des procédures judiciaires liées aux expulsions et de fournir une assistance aux propriétaires confrontés à des impayés, créant ainsi un environnement plus sûr et plus attractif pour la location.
Ils proposent également de modifier la loi sur les baux urbains (LAU) afin de rendre obligatoire l’enregistrement des contrats de location, ce qui contribuerait à prévenir la fraude et à faciliter le travail des forces de sécurité de l’État lorsqu’elles agissent contre les squats. En outre, il est nécessaire de doter l’administration de la justice de plus de ressources pour gérer ces procédures de manière plus efficace.
Approbation des procès express contre certains squatters
Le Congrès des députés a donné son feu vert définitif à la réglementation qui prévoit des procès express contre certains cas de squattage de logements.
Le 19 décembre, l’assemblée plénière de la Chambre basse a ratifié, par 177 voix contre 170, le texte du projet de loi organique sur les mesures d’efficacité du service public de la justice. Le Sénat avait opposé son veto à cette initiative, mais après avoir obtenu la majorité absolue au Congrès, le veto a été levé et la loi est prête à entrer en vigueur, une fois publiée au Journal officiel de l’État (BOE).
Ce règlement a été approuvé par le Congrès des députés le 14 novembre et a poursuivi sa procédure parlementaire avec son arrivée au Sénat. Mais la Chambre haute, où le PP dispose de la majorité absolue, a opposé son veto au texte, ce qui l’a renvoyé devant le Congrès.
Parmi les mesures incluses dans cette loi figure l’accélération des procès en cas de squat illégal, car elle permet de traiter les délits d’effraction et de violation de domicile dans le cadre de la procédure de jugement accélérée, ce qui permet de tenir les procès dans un délai estimé à 15 jours.
Avec la modification de l’article 795 du code de procédure pénale, les affaires de squat sont ajoutées à la liste des délits moins graves pouvant faire l’objet d’une procédure accélérée, qui comprenait jusqu’à présent des délits tels que le vol et le cambriolage.
Cette mesure a été saluée par certains comme un pas en avant dans la lutte contre le squat, mais non sans quelques réserves. Elle n’inclut pas l’inquiokupación, c’est-à-dire les cas où le locataire cesse délibérément de payer son loyer et dont l’intention, dès le départ, est de ne plus payer et de profiter de la lenteur de la justice pour continuer à squatter le plus longtemps possible. Ces cas se généralisent en Espagne et sont au cœur du problème, selon les juristes.
Source : Idealista