La Catalogne double la taxe de séjour : jusqu’à 12 euros par nuit à Barcelone

La Catalogne va doubler la taxe de séjour, selon un accord entre le gouvernement catalan et le groupe parlementaire Comuns. Avec les nouveaux tarifs, la taxe de séjour pourrait atteindre un maximum de 12,1 euros par personne et par nuit dans la ville de Barcelone.

Le porte-parole des Comuns au Parlement, David Cid, a annoncé jeudi un pacte avec le gouvernement de Salvador Illa pour doubler la taxe de séjour en Catalogne.

Dans des déclarations à SER Catalunya, Cid a confirmé l’information avancée par la station de radio, selon laquelle le gouvernement et les Comuns sont parvenus à un accord pour augmenter cette taxe et qu’une partie des ressources générées sera allouée aux politiques de logement.

M. Cid a souligné qu’il s’agit d’une « taxe qui n’est pas payée par les hôteliers, mais par les touristes », et qu’il est tout à fait logique de l’augmenter maintenant, puisque la Catalogne enregistre « un nombre record de touristes et de recettes ».

« Une personne qui vient dans la ville de Barcelone et qui paie entre 300 et 400 euros pour une nuit d’hôtel peut parfaitement payer sept euros de plus par nuit », a expliqué M. Cid, qui a souligné que ces ressources “devraient être affectées de manière significative au logement”.

La Catalogne, a-t-il insisté, doit faire « un saut très important dans les ressources qui doivent être allouées au logement », et « on ne comprendrait pas que les touristes ne puissent pas faire » cet effort supplémentaire.

Rejet de l’augmentation de la taxe par la Confecat

De son côté, la Confédération de l’hôtellerie de Catalogne (Confecat) a publié un communiqué dans lequel elle exprime son rejet de cette augmentation de l’impôt sur les nuitées.

La Confecat « rejette totalement cette mesure et dénonce l’asphyxie fiscale continue à laquelle est soumis le secteur de l’hébergement touristique en Catalogne ». En même temps, elle affirme que le secteur « n’est pas disposé à continuer à être la source constante de financement des administrations ».

Le patronat du tourisme dénonce que « cette mesure menace de détruire la compétitivité d’un tissu d’entreprises clé pour le développement économique et social », et demande par conséquent « la mise en place de mécanismes urgents pour éviter la perte de compétitivité dans des segments stratégiques pour l’ensemble du pays ».

Barcelone aura la taxe de séjour la plus élevée d’Europe

La Guilde des Hôteliers de Barcelone s’est également jointe au rejet de cette mesure par Confecat.

« Si cette mesure est appliquée, Barcelone deviendrait la ville d’Europe avec la taxe de séjour la plus élevée dans toutes les catégories d’hôtels, au-dessus de villes comme Paris et Rome (dont les prix moyens des hôtels sont plus élevés que ceux de Barcelone) », affirme la corporation hôtelière.

Selon l’organisation, Barcelone facturerait aux voyageurs les montants suivants (TVA de 10 % incluse) :

  • 12,1 € par personne et par jour dans un hôtel 5*.
  • 8,14 € par personne et par jour dans un hôtel 4*.
  • 6,6 € par personne et par jour dans les autres catégories d’hôtels

Changements dans l’utilisation de l’argent destiné à la taxe de séjour

D’autre part, concernant la destination du Fonds de promotion du tourisme, alimenté par les ressources générées par l’application de la taxe sur les séjours dans les établissements touristiques en vigueur en Catalogne depuis le 1er novembre 2012, Confecat rappelle que « ce fonds est destiné à la promotion, à la valorisation, à la préservation, à la promotion et au développement des infrastructures et des activités touristiques en Catalogne ».

Pour cette raison, l’organisation demande de « maintenir sa finalité et d’encourager la transparence dans l’administration de ces ressources ».

Confecat considère également comme une « priorité » que ces fonds soient utilisés « pour pallier le manque d’investissement dans des infrastructures essentielles pour garantir une santé touristique adéquate dans le pays, comme la prévision des situations de sécheresse ou l’optimisation de la mobilité des personnes et de la connectivité de la Catalogne avec le monde ».

ACAVE : « C’est une erreur stratégique et un non-sens »

Pour sa part, l’association d’agences de voyage ACAVE considère que l’accord annoncé aujourd’hui par le gouvernement de Catalogne et les Comuns pour doubler la taxe de séjour sur les hôtels, les logements touristiques, les bateaux de croisière et d’autres établissements est une erreur ».

Jordi Martí, président de l’ACAVE, considère que « cette mesure est une erreur stratégique de la part de la Generalitat, qui n’a pas su mesurer l’impact de cette mesure sur la compétitivité du secteur touristique ».

Martí a ajouté que « c’est un désavantage comparatif pour le secteur, en particulier à Barcelone, qui devient ainsi la ville avec la taxe de séjour la plus chère de l’État, et cela nous affecte non seulement dans le domaine du tourisme de vacances, mais aussi de manière très spéciale dans le domaine du MICE : la ville pourrait perdre son attractivité dans l’organisation de grands événements en raison d’une augmentation aussi importante des coûts pour les entreprises organisatrices ».

L’ACAVE considère également comme un non-sens l’annonce du ministre de l’économie et des finances de la Generalitat concernant le changement de destination des fonds collectés, qui seront dorénavant alloués aux politiques d’accès au logement. Le président de l’ACAVE demande « que les fonds retrouvent leur objectif initial et soient utilisés pour le développement d’infrastructures qui profitent à tous ».

CEHAT : « Les hôtels ne sont pas responsables du manque de logements »

La Confédération espagnole de l’hôtellerie et du tourisme (CEHAT) a également déclaré qu’elle rejetait « catégoriquement » cette mesure et qu’elle soutenait pleinement la Confecat.

Selon le patronat hôtelier espagnol, « les hôtels, les campings, les spas, les aparthotels, le tourisme rural, les appartements… ne sont pas responsables du manque de logements et de l’augmentation disproportionnée des prix pour les résidents ».

Le CEHAT dénonce que les « véritables » causes du manque de logements ou de l’augmentation de leur prix « sont dues à l’action des administrations publiques elles-mêmes en raison d’une multiplicité de facteurs », ce qui nécessiterait « un véritable pacte d’Etat pour résoudre ce problème ».

Pour Jorge Marichal, président de la CEHAT, « nos administrations publiques considèrent souvent le tourisme comme un flux illimité de ressources qui ne s’arrêtera jamais et sur lequel elles peuvent prélever les montants qu’elles jugent nécessaires pour pallier leur propre incompétence. Nous rejetons ces taxes sur nos visiteurs parce que le monde est global et qu’ils peuvent facilement choisir d’autres destinations ».

Combien perçoit la taxe de séjour en Catalogne ?

Confecat rappelle qu’au cours de la période 2012-2023, un total de 580 millions d’euros a été collecté en Catalogne, dont 304 millions (52 %) correspondent à Barcelone.

Situation au 27 février 2025

En vigueur depuis 2012
La taxe de séjour dans les établissements touristiques est appliquée en Catalogne depuis novembre 2012. Depuis lors, elle a été progressivement augmentée. Les taux varient en fonction du type d’hébergement et de la zone (Barcelone et le reste de la Catalogne).

Qui paie la taxe ?
La taxe s’applique aux visiteurs qui séjournent dans des établissements touristiques, y compris les hôtels, les appartements, les campings, les maisons de vacances et les bateaux de croisière.

Qui conserve l’argent ?
La moitié de l’argent collecté dans chaque municipalité va à la Generalitat et les 50 % restants sont conservés par la mairie. Les recettes sont utilisées pour maintenir les infrastructures et les services touristiques, ainsi que pour promouvoir le tourisme.

Surtaxe à Barcelone
Pour l’instant, la capitale catalane est la seule municipalité autorisée par la Generalitat à appliquer une surtaxe de 4 euros à la taxe de séjour. La mairie de Barcelone conserve 100 % de la surtaxe.

Source : Hosteltur