À Madrid, le thermomètre des restaurants remonte. Mais pas les concepts.

La reprise économique n’est pas juste une histoire de macro-économie ou de tableau Excel. Les impressions que l’on ressent dans la rue ou dans les restaurants constituent également un véritable thermomètre. À en croire les professionnels du secteur, ils remplissent à nouveau leurs salles. Mais Barcelone a pris de l’avance. La confiance est revenue et la reprise est bien là. Et les financiers qui ont l’habitude d’évaluer les actions en fonction de la confiance des marchés, en connaissent les répercutions. Standard and Poors vient de monter la note de l’Espagne, non ? Les restaurants se remplissent de nouveau en semaine. Mais, en Espagne, le thermomètre n’est-il pas dans la rue ? Un pays dont le taux de pénétration des Smartphones est l’un des plus élevés d’Europe et dont la vie et le business se font plus dans la rue que derrière l’ordinateur n’est-il pas assujetti à l’ambiance de celle-ci ? La réalité est très simple : ceux qui fréquentent régulièrement les bars à tapas des quartiers chics ou des quartiers d’affaires (ceux de Sol n’ont cependant jamais désempli) savent que le vent tourne. Ils se remplissent à nouveau dès le mercredi, voire le mardi. Il suffit de regarder autour de soi. Les premiers concernés, les patrons de ces bars, l’ont remarqué depuis septembre. À Madrid, il est devenu de bon ton de calculer. Il faut dire que les restaurants de Madrid, bien plus conservateurs que ceux de Barcelone dans leur gestion, se sont un peu réorganisés. Ils ont compris qu’il valait mieux vendre beaucoup de « paniers moyens » que quelques repas hors de prix. Ainsi, l’historique de la brasserie Espejo de la Castellana de la place Colón propose des menus à 10 euros à midi. Impensable il y a encore 2 ans ! Ou encore ce restaurant italien plutôt chic, Lucca, rue Ortega y Gasset, qui propose des menus à 15 euros (entrée, plat et dessert) et où l’on y croise tous les Country Managers étrangers. Les restaurants de Madrid s’alignent enfin sur ceux de Barcelone ! Ils ont compris que si la clientèle est aisée, c’est tout simplement parce qu’elle fait aussi attention à ses dépenses. Aujourd’hui à Madrid, il est enfin de bon ton de calculer. Surtout au niveau des entreprises. La diversification est bien plus riche à Barcelone qu’à Madrid. Si les restaurants de Madrid se remplissent de nouveau, la diversité de l’offre est loin, très loin derrière sa rivale, Barcelone. La faible offre hôtelière de Madrid ne séduit pas les investisseurs de l’hôtellerie. Une chose est claire, celui qui vient tous les mois pour affaires… va vite s’ennuyer à Madrid. Pas de nouveaux restaurants, hormis quelques nouveaux pseudos asiatiques chill out rue Serrano, pas de nouveaux palaces, aucun nouvel hôtel 5 étoiles depuis 10 ans, et surtout, aucune originalité au niveau des concepts. Le seul à avoir innové depuis 10 ans, c’est Ten Con Ten, rue Hermosilla. D’ailleurs, il est affiche complet tous les soirs. Un peu plus exotique, ce nouveau restaurant russe Fishka, toujours bien fréquenté. Côté bars/boîtes de nuit, n’en parlons même plus, c’est le néant total dans la capitale espagnole. Les seuls qui existent sont réservés aux étudiants. Incomparable avec des villes telles que New York ou même Kiev, où de véritables complexes restaurants/bars/boîtes sont ouverts 24h/24, c’est le jour et la nuit. La Movida doit être culturelle. La culture espagnole et l’avantage comparatif des villes se jouent sur le terrain de la Movida, de la capacité pour une ville à vivre le soir et animer ses touristes à sortir. Pendant la crise, Barcelone s’est imposée en matière de sorties et les médias du monde entier y réalisent plus de reportages qu’à Madrid. Il semble que les autorités de Madrid n’ont pas encore compris ce que peut représenter pour une ville sa capacité à faire profiter et impressionner ses visiteurs, qu’ils viennent pour affaires ou loisirs. Le tourisme a baissé de 11% à Madrid cette année et il serait temps que la capitale espagnole se réveille. PC- (Photo Julia Robles pour WOMMs)

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