Les îles Canaries approuvent la 1ère loi visant à réglementer l’hébergement touristique

Le Parlement des îles Canaries a approuvé la première loi encadrant les locations de vacances dans l’archipel.

Le 12 novembre, l’assemblée régionale a adopté la Loi sur la gestion durable de l’utilisation touristique des logements, qui actualise et remplace le décret 113/2015. Ce décret, en vigueur depuis dix ans, « manquait de clarté quant aux réglementations applicables aux propriétaires, aux administrations, aux municipalités, aux conseils insulaires et au gouvernement des îles Canaries lui-même », a déclaré Jéssica de León, ministre du Tourisme et de l’Emploi du gouvernement régional. Elle a ajouté que la nouvelle loi « vise à concilier l’exercice légitime de cette activité avec l’intérêt général » et « aborde des questions telles que les limites territoriales et la portée de ce type de tourisme, qui jusqu’à présent ne disposaient d’aucun cadre quantitatif ni qualitatif ».

Concrètement, les articles de la Loi sur la planification durable de l’utilisation touristique des logements aux îles Canaries stipulent que les petits propriétaires respectant le décret en vigueur peuvent poursuivre leur activité normalement, même si la création de nouvelles résidences de vacances est interdite pendant cinq ans, jusqu’à ce que les municipalités disposent d’un plan d’urbanisme les autorisant expressément. Ainsi, a ajouté le conseiller, les conseils locaux « peuvent décider comment, où, quand et combien de résidences secondaires sont autorisées sur leur territoire, par zones ou secteurs, en veillant toujours à ce que ces décisions n’affectent pas la qualité de vie des résidents ».

La nouvelle législation stipule que 90 % des logements doivent être destinés à l’habitation, tandis que seulement 10 % peuvent être utilisés à des fins touristiques, et accorde aux municipalités un délai de six mois pour mettre en œuvre un plan d’inspection.

Par ailleurs, la loi interdit l’utilisation touristique des logements classés (logements protégés) et proscrit ce qu’elle appelle les « pseudo-hôtels », c’est-à-dire des immeubles appartenant à de grands propriétaires dont tous les appartements sont destinés à la location de vacances. De plus, les logements neufs ne peuvent être utilisés à des fins touristiques qu’après un délai de 10 ans suivant leur construction, afin de garantir leur usage résidentiel initial.

Locations de vacances aux îles Canaries

La loi était en attente depuis un an et demi.

Locations de vacances aux îles Canaries

Selon l’INE (Institut national de la statistique), les îles Canaries sont la quatrième communauté autonome en termes de nombre d’appartements touristiques. En mai, elles comptaient 50 686 unités, derrière l’Andalousie (96 176), la Communauté valencienne (63 190) et la Catalogne (56 851). Au cours des six derniers mois (novembre 2024 à mai 2025), le nombre d’appartements a diminué de 1 % dans la région. Las Palmas et Santa Cruz de Tenerife figurent parmi les cinq provinces comptant le plus grand nombre d’appartements touristiques, avec Malaga, Alicante et les îles Baléares.

D’après les données du gouvernement régional, 44,6 % des logements de vacances aux îles Canaries appartiennent à des particuliers, tandis que 55,3 % sont gérés par des entités ou des propriétaires étrangers, qui possèdent également 55 % des lits disponibles.

L’Association des loueurs de vacances des îles Canaries (Ascav) affirme que les résidences secondaires contribuent à hauteur de plus de 2 milliards d’euros par an à l’économie de l’archipel.

La loi était en suspens depuis un an et demi.

La loi sur la planification durable de l’utilisation touristique des logements a mis un an et demi à se concrétiser. Le gouvernement des îles Canaries a présenté le projet de loi en avril 2024, et celui-ci a été adopté avec le soutien de la Coalition canarienne, du Parti populaire, du Groupe socialiste de Gomera et du Groupe indépendant Herreña. Le PSOE, Vox et Nouvelles Canaries ont voté contre.

Cette loi a non seulement divisé le Parlement des îles Canaries, mais a également relancé le débat entre le secteur hôtelier et les propriétaires de ce type d’hébergement. L’Ashotel, association hôtelière de la province de Santa Cruz de Tenerife, s’est félicitée de la « clarté et de l’ordre » apportés par la loi à une activité qui « entrave l’accès au logement », tandis que l’Association des locations de vacances des îles Canaries (Ascav) l’a critiquée, arguant qu’elle contraindrait des milliers de familles canariennes à quitter le secteur du tourisme.

Selon le gouvernement régional, la législation entrera en vigueur le lendemain de sa publication au Journal officiel des îles Canaries (BOC), et son application et son développement sont loin d’être achevés.

Source : Idealista