L’arrivée du Chat GPT révolutionne tous les domaines du secteur touristique, y compris l’information touristique, qui va subir un changement d’une telle ampleur qu’il sera difficile de se rappeler comment cette activité était exercée auparavant. Quelqu’un se souvient-il de ce qu’étaient les téléphones portables avant les smartphones ? C’est ce qu’explique à HOSTELTUR le PDG et cofondateur de la startup iUrbam, Andrés Martínez.
Cette jeune entreprise a créé le chatbot Cicerone, capable d’offrir aux touristes des informations détaillées, voire personnalisées, dans 95 langues au total. Et surtout, “vous n’avez pas besoin de faire traduire le contenu”. Comment procède-t-il ? “Imaginez que vous ayez une page en espagnol, ChatGPT reconnaît la langue et élabore ses réponses en se basant sur le contenu du site web, mais dans la langue que vous demandez”, explique-t-il.
L’expression “dans la langue demandée” mérite d’être précisée. Il y a bien sûr toutes les langues principales : l’anglais, le chinois, l’espagnol, l’allemand, le français, l’italien, le russe, toutes les langues scandinaves…. Mais aussi le swahili et bien d’autres, en principe plus méconnues. Et cela va même plus loin : “presque toutes entrent, j’ai essayé le basque et ça marche, le galicien aussi”, précise M. Martínez.
En fait, “nous avons fait des choses en chinois avec des sous-titres en espagnol”. De manière générale, le chatbot peut communiquer avec l’utilisateur dans “les langues officielles et les variantes les plus populaires. Par exemple, l’espagnol avec des variantes argentines ou colombiennes, tout ce que vous voulez”. En fait, “nous avons des demandes de pays comme la Colombie ou le Mexique”, a déclaré le PDG d’iUrban.
“Nous préparons un programme de partenariat, car cette année nous devons ouvrir dans 5 pays et ce sera nécessaire.
Ce qui est normal, si l’on tient compte de l’intensité de l’activité de cette startup déjà primée pour sa création, pionnière dans le monde de l’information touristique : “nous sommes en Andorre et nous parlons à l’Algarve”, en plus de multiples destinations espagnoles. De plus, “nous allons l’alimenter avec du contenu Predif pour que les touristes puissent savoir si la destination est accessible”. Les possibilités ne cessent de croître.
Avantages de l’IA dans l’information touristique
Parmi les avantages de l’utilisation de l’intelligence artificielle comme principal outil d’information touristique, on peut citer la possibilité pour les voyageurs de planifier leur voyage avant même de quitter leur domicile. En ce sens, “Chat GPT balise le contenu en fonction du type de touriste” et, à cette fin, des indices tels que : “Je voyage seul, je reste un week-end, je suis végétalien et je pars avec un animal de compagnie” peuvent être donnés, ce qui aidera à définir l’information.
De cette manière, “en 5 minutes, on peut faire un plan de voyage qui comprend comment se rendre sur place, les horaires, etc. Cela ne prend pas 2 heures”. De plus, “les itinéraires sont très spécifiques au touriste“. Et, après avoir décidé de tous les détails du voyage, “il l’envoie à votre courrier électronique et vous place dans un CRM. Il vous envoie alors des recommandations basées sur vos centres d’intérêt”, et ce de manière très segmentée.
“Les offices de tourisme se concentrent sur le profil des touristes qui viennent à eux, qui sont plus âgés, mais ils passent à côté des 90% qui recherchent des informations d’une manière différente.”
En effet, “les jeunes ne vont plus sur les portails web parce qu’il y a tellement d’informations qu’ils s’y perdent, et ils utilisent les blogs ou les réseaux sociaux. Ils optent désormais pour l’assistant virtuel, avec lequel ils interagissent directement. L’OMT a déjà prévenu que l’utilisation des bureaux d’information touristique est en baisse dans le monde entier, “ils doivent donc fournir de plus en plus de services en ligne, plutôt que physiquement”, et ce sera leur occasion en or.
La menace de l’emploi des chatbots
L’inquiétude logique qui surgit face à tous ces changements profonds est évidente : Cicerone sera-t-il un autre tueur d’emplois ? Andrés Martínez précise que “pour nous, c’est un assistant, un copilote qui fournit un service mais ne remplace pas les gens“. En même temps, il rappelle que “dans certaines destinations, les offices de tourisme n’ouvrent pas le week-end, parce qu’ils sont fonctionnaires, au moment où l’on a le plus besoin d’eux”, souligne-t-il.
D’autre part, il y a la question de l’actualisation : “Les destinations qui n’intègrent pas le Chat GPT perdront tôt ou tard de nombreux touristes parce qu’elles ne peuvent pas leur répondre dans leur propre langue”, car “si vous ne pouvez pas répondre aux questions en temps réel, les touristes iront à la destination suivante“. Et, conséquence de tout ce qui précède, “les destinations qui ne se mettent pas à jour seront laissées pour compte”. Une nouvelle course pour ne pas rater le train du progrès.