Chaque semaine, Le Courrier d’Espagne vous fait découvrir l’agriculture espagnole dévoilant la diversité de ses terres sous des prismes différents : ses cultures herbacées, ses vignobles, ses productions d’arbres fruitiers, de légumes et ses prairies. Cette semaine, notre article analysera les productions des arbres fruitiers espagnols. Cette culture comprend 27 espèces classées en 3 groupes : arbres fruitiers à noyaux et à pépins (10), arbres fruitiers tropicaux (12 ) et arbres fruitiers à noix (5).
La valeur de la production de fruits autres que les agrumes s’est élevée à 4 375 millions d’euros en 2022, selon les données de l’Avance de la Renta Agraria Nacional. Elle représente 12 % de la production végétale.
La production a enregistré une réduction en valeur par rapport à 2021, ainsi qu’une contraction en volume. La réduction de la valeur est due à la modération du prix de certaines cultures, comme les amandes. La baisse de la production est due à la sécheresse et aux mauvaises conditions météorologiques qui ont réduit les récoltes.
Dans la culture des arbres fruitiers autres que les agrumes, les rendements irrigués sont trois fois plus élevés que les rendements pluviaux. La valeur des terres destinées aux cultures non irriguées continue d’augmenter et les terres irriguées ont connu une tendance à la hausse l’année dernière, ce qui compense en partie les baisses accumulées depuis la pan-démise. Les exploitations sont plus grandes sur les terres irriguées.
Fruits à noyaux et à pépins :
- Les fruits à noyau et à pépins ont montré des signes de reprise de la demande en 2023 après plusieurs années de baisse des ventes due à une évolution des préférences des consommateurs vers d’autres variétés de fruits, comme les fruits tropicaux. Cette situation, associée à une réduction de la production due à l’impact climatique et à une sécheresse prolongée, a permis d’améliorer la rentabilité de la culture au cours de l’année écoulée
- Malgré cela, certains agriculteurs ont choisi de convertir leurs cultures à des variétés dont les ventes sont plus stables. Les plantations d’arbres fruitiers de ce type nécessitent 20 à 25 ans pour être rentabilisées et laissent peu de place à l’adaptation en cas de nouvelles préférences des consommateurs.
- Arbres fruitiers tropicaux – L’impact du climat et de la sécheresse a réduit la production dans de nombreuses régions, avec une détérioration particulière dans le cas des arbres fruitiers tropicaux, dont la production est compromise par l’incertitude d’une disponibilité suffisante en eau.
- Arbres fruitiers secs La tendance à la hausse du prix des amandes, principal fruit sec en termes de surface, s’atténue. Cette situation génère de l’incertitude et modère le nombre de nouvelles plantations d’amandes.
- Arbres à fruits secs
- La tendance à la hausse du prix de l’amande, principal fruit à coque en termes de superficie, s’atténue. Cette situation génère de l’incertitude et modère le nombre de nouvelles plantations d’amandes. Pour l’instant, cette situation n’affecte pas la valeur des terres qui reste stable.
- De nouvelles plantations de pistaches continuent d’être détectées dans l’attente d’une demande non satisfaite, tant au niveau national qu’à l’exportation. Cette culture prend environ 7 ans pour atteindre sa pleine production et nécessite des investissements et un savoir-faire technique.
SUPERFICIES IRRIGUÉES ET MODES D’IRRIGATION
GÉNÉRALITÉS. L’ensemble des cultures de fruits à noyaux et à pépins, de fruits tropicaux et de fruits à coque atteint 1 285 400 ha cultivés en 2022 (+2,0 % par rapport à 2021) et représente 8 % de la surface cultivée totale.
L’EMPLACEMENT. Elle a une grande extension territoriale, présente dans une grande partie des zones intérieures, méridionales et du littoral méditerranéen. Les plus importantes sont l’Andalousie (22,7%, concentrée à Grenade), la Castille-La Manche (17,9%), l’Aragon (12,7%) et la Murcie (11,7%).
MODALITÉ D’IRRIGATION
- Irrigué. 33% de la superficie totale des arbres fruitiers est irriguée. Elle représente 11% de la superficie irriguée nationale totale.
- Agriculture sèche. 67% de la superficie totale des arbres fruitiers autres que les agrumes correspondent à des cultures pluviales.
- Serre. 1% de la superficie totale des arbres fruitiers est en hiver. Elle est située dans les îles Canaries, associées aux fruits tropicaux.
ÉVOLUTION. La superficie consacrée aux arbres fruitiers autres que les agrumes est restée stable jusqu’en 2015, date à laquelle elle a commencé à augmenter d’environ 2,5% par an. Au cours de la dernière décennie, elle a augmenté de 27,3%.
La répartition géographique montre des évolutions inégales :
- L’augmentation est forte et continue en Castille-La Manche, en Estrémadure, en Andalousie, en Navarre et en Aragon.
- La tendance à la baisse est plus modérée en Murcie et dans la Comunidad Valencia, et plus forte en Catalogne, en Cantabrie et dans les îles Baléares.
Les fruits à pépins ont eu tendance à être pénalisés par rapport à la rentabilité potentielle de certains fruits à coque et fruits tropicaux. Les différentes tendances sont dues au type d’arbre fruitier dans lequel chaque région s’est spécialisée.
PRIX DES TERRES AGRICOLES
La valeur moyenne de cette culture a eu tendance à augmenter pour les cultures pluviales et à diminuer pour les cultures irriguées (à l’exception de certains fruits tropicaux plus valorisés par le marché). La raison en est que les fruits à coque (tels que les pêches et les amandes), qui prédominent dans le groupe des cultures pluviales, sont potentiellement plus rentables que les fruits à noyau et à pépins, qui sont moins demandés et qui sont principalement cultivés sur des terres irriguées.
Au niveau national, le prix des terres montre une récente augmentation de l’irrigation et une tendance continue et légèrement à la hausse pour les terres arides.
Irrigation. Tendance baissière depuis 2016, intensifiée depuis 2019 et avec un rebond à la hausse en 2023. L’évolution sur 5 ans reflète une croissance moyenne légèrement négative de -0,6%. En 2023, elle atteindra une valeur moyenne de 39.300 €/ha.
Sec. Tendance haussière la plus intense entre 2017 et 2020, modérée depuis 2021 et avec un léger rebond en 2023. Elle enregistre une croissance moyenne de + 3,4% au cours des 5 dernières années. En 2023, il atteint une valeur moyenne de 22.400€/ha.
IMPULSION DU MARCHE
Détail géographique
Andalousie. Le climat et la sécheresse ont affecté la production d’arbres fruitiers irrigués, notamment tropicaux, qui ont de forts besoins en eau. La réduction continue des approvisionnements en eau génère une incertitude quant à la viabilité de l’irrigation et a paralysé certaines opérations des groupes d’investissement. On détecte une certaine tendance à la transformation des arbres fruitiers tropicaux en d’autres arbres fruitiers ayant moins besoin en eau. Il y a aussi un retrait des cultures d’amandiers, qui sont transformés en oliveraies.
Aragon. Les amandiers sont restés à des niveaux de production moyens. Les arbres fruitiers à noyaux et à graines ont également maintenu leur production, à l’exception de certaines zones où la grêle a été très dévastatrice. Ce segment a retrouvé ses niveaux de ventes après plusieurs années de déclin. Néanmoins, certains changements sont détectés depuis les exploitations de fruits à noyau ou à graines vers les oliviers ou les amandiers. La pistache continue son essor.
Castilla La Mancha. Les amandiers obtiennent de bons rendements sous irrigation et avec modération en terre sèche. En 2023, la production d’amandes a été réduite par les conditions climatiques. Cette zone bénéficie de bonnes conditions climatiques et pédologiques pour la culture de la pistache, et de nouvelles plantations continuent d’être détectées dans la région.
Castille et Leon. Une tendance à la hausse est détectée dans les cultures ligneuses irriguées et en mode intensif avec irrigation goutte à goutte. Ces cultures sont principalement les amandes, les pistaches et les noisettes, même si leur présence dans la zone est encore rare.
Catalogne. Les plantations fruitières, particulièrement concentrées à Gérone, sont très techniques et très efficaces. Cela a permis d’atteindre de bons niveaux de production malgré les restrictions d’eau en 2023.
Communauté valencienne. L’amandier maintient sa production en 2023. Le reste des arbres fruitiers enregistre un impact climatique négatif dans les zones intérieures.
Estrémadure. Les arbres fruitiers à noyau et à pépins abondent dans cette région. Cependant, les risques associés à ce type de culture (évolution des préférences des consommateurs vers d’autres variétés de fruits, coûts de main-d’œuvre plus élevés, etc.) ont conduit à des cas de transformation d’exploitations fruitières en oliveraies super-intensives, toujours irriguées. Une augmentation soutenue est également détectée depuis plusieurs années dans la culture des amandiers en mode irrigation intensive.
La Rioja. Prépondérance des amandiers, dont la valeur augmente dans les terres irriguées, mais diminue dans les terres sèches. La récente modération du prix des amandes pénalise les revenus agricoles, mais n’a pas encore impacté la valeur des terres.
Source : Tinsa
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