La future loi sur le logement, qui entrera en vigueur cette année, a suscité des inquiétudes dans le secteur de l’hôtellerie, car les chefs d’entreprise estiment que de nombreux propriétaires de biens immobiliers situés dans des zones sensibles passeront de la location résidentielle à la location de vacances, ce qui non seulement alimentera la concurrence déloyale et nuira à l’activité, mais provoquera également des tensions entre les résidents et les touristes.
La Confédération espagnole de l’hôtellerie et de l’hébergement touristique (CEHAT) a mis l’accent vendredi sur les “effets collatéraux” que pourrait avoir une nouvelle réglementation accordant une plus grande protection au locataire et fixant une limite au prix des locations.
Selon lui, cette réglementation conduira “de nombreux propriétaires de logements situés dans des zones tendues à abandonner la location résidentielle et à passer au format de vacances ou de court séjour temporaire, qui limitent certains risques pour les propriétaires et, dans de nombreux cas, offrent un rendement plus élevé”.
Selon le rapport UrbanTUR 2022 d’Exceltur, le nombre d’hébergements touristiques a déjà augmenté de 33,8% en 2022. Dans des villes comme Madrid, Barcelone, Séville, Malaga et Saint-Sébastien, il a été observé que les propriétaires obtiennent un rendement de plus de 60% s’ils annoncent leurs biens sur des portails de location de courte durée, au lieu de les utiliser pour des contrats à long terme.
Les quartiers les plus tendus des villes et des destinations touristiques sont ceux qui sont les plus demandés par les touristes, qui optent pour la location saisonnière, générant dans ces quartiers une diminution du parc de logements pour la résidence permanente. Pour la CEHAT, ce phénomène est encore plus dramatique dans les destinations touristiques saisonnières, “où le manque de logements pour les travailleurs saisonniers a généré de grandes difficultés pour trouver du personnel et pouvoir fournir des services”.
Face à cette éventualité, le patronat de l’hôtellerie évoque la nécessité d’apporter une sécurité juridique aux propriétaires afin qu’ils puissent louer leurs biens avec des garanties. “Cette situation ne sera pas résolue tant que les propriétaires ne disposeront pas d’une sécurité juridique totale pour la location de leurs biens. Le droit au logement ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des propriétaires. Le non-paiement des locataires pourrait être résolu, par exemple, avec des garanties gouvernementales et une plus grande rapidité dans le fonctionnement de la justice ordinaire”, a déclaré Jorge Marichal, président de la CEHAT.
L’association des employeurs de l’hôtellerie demande au gouvernement de profiter de cette nouvelle loi pour établir des règles au niveau national afin d’assurer une bonne coexistence entre les résidents, les touristes et les utilisateurs de maisons de vacances et de logements temporaires”, a déclaré Jorge Marichal, président de la CEHAT.
De son côté, la CEHAT souligne que des facteurs tels que les conditions actuelles de protection des locataires, la quasi-impossibilité d’expulsion ou la limitation des loyers ont déjà réduit d’environ 12% en moyenne en un an l’offre de locations traditionnelles dans les grandes villes et les destinations, et bien plus encore dans les villes en difficulté. C’est pourquoi ils préviennent que la nouvelle loi “aggravera le problème de l’accès au logement gratuit, au détriment des groupes sociaux les plus vulnérables”.
Selon les employeurs, les nouvelles mesures “favoriseraient également la concurrence déloyale” entre les logements informels et les hôtels, étant donné qu’il existe une “grande asymétrie réglementaire” entre les deux types de logements.
Aujourd’hui, soulignent-ils, l’absence de réglementation de l’hébergement touristique (VUT) dans de nombreuses communautés autonomes et/ou mairies coexiste avec la multitude de règles auxquelles doivent se conformer les autres sous-secteurs de l’hébergement. Jusqu’à présent, cette situation a entraîné une augmentation significative de l’économie souterraine, “de la fraude au travail et de la fraude fiscale, des problèmes de nature publique et un désavantage concurrentiel pour le reste des modalités d’hébergement”.