Laurent Gauze est propriétaire d’une dizaine d’hôtels Ibis entre l’Espagne et le Portugal.
Il est aussi Président des franchisés du groupe Accor sur la péninsule. Il vit donc de plein fouet les tensions du secteur et revient sur certaines décisions prises, ou pas, des deux cotés des Pyrénées.
Vous avez plusieurs hôtels en Espagne, comment avez-vous organisé le confinement ?
L’idée de fermer un hôtel ne m’avait jamais traversé l’esprit.
Par essence, un hôtel surtout urbain est destiné à rester ouvert toute l’année, tous les jours, toute la vie en somme. Il se vend ou s’achète mais on ne donne pas les clés. Donc oui, il a fallu imaginer une fermeture de ces établissements, les mettre en sécurité, les maintenir aussi techniquement. Par-dessus tout, informer en quelques jours près de 100 collaborateurs de ces mesures, accompagner tout le monde, les partenaires, les clients, les fournisseurs.
Quel est votre interlocuteur auprès des autorités espagnoles ? Le lobby hôtelier local fait-il bien son boulot ?
En tant que franchisé Accor et président de l’association des franchisés, bien entendu les référents sont Cristina Ramos et Jean Charles Delgado. Pour ce qui est du lobby hôtelier, je dirais que l’on mesurera son efficacité en fin de cet épisode dans sa capacité à se faire entendre auprès des autorités gouvernementales.
Une ministre du gouvernement annonçait la semaine dernière une possible fermeture des bars et hôtels jusqu’à la fin de 2020, que dire de ce type d’annonce ?
Surtout ne pas commenter l’actualité brûlante, ne pas réagir spontanément. Donc je ne le ferai pas non plus de mon côté. L’hôtellerie, la restauration, le tourisme en général sont un pan important de l’activité économique espagnole et européenne, après, j’ai bien conscience que nous sommes une activité de loisirs et de bien-être, et que dans cette crise sanitaire, nous sommes confrontés à de nombreux décès dont il faut faire la part des choses.
J’imagine aussi la pression qui pèse sur les épaules des politiques devant une crise jamais connue par le monde contemporain. Enfin, juste une réflexion personnelle, nous sommes tous des chefs d’entreprises responsables, ayant une envie forte d’exercer notre métier.
Nous avons conscience d’une obligation collective de donner, redonner la confiance nécessaire à nos clients, il faudra laisser aussi l’initiative aux professionnels de ce métier, le plus vieux métier du monde, qui a su sans cesse se réinventer, innover, protéger, pour que dans quelques semaines, nous puissions travailler et garantir via un label sanitaire clair et lisible la vie et la tranquillité de nos collaborateurs et de nos clients.
La France semble mieux organisée dans chacun des secteurs d’activité, est-ce le cas aussi dans l’hôtellerie ? Qu’a-t-on fait de mieux ?
Pour l’instant pas grand-chose de mieux, nous sommes en Europe et elle a été touchée de plein fouet et de façon assez uniforme en France, en Italie, en Grande-Bretagne et bien sûr en Espagne.
Une initiative intéressante, pour le jour d’après, la création d’un label de sécurité sanitaire sera lancé par le groupe Accor et le bureau Veritas. Cela passe par une formation spécifique , la nomination d’un référent covid-19 par établissement en charge de faire respecter les recommandations et obligations sanitaires.
Par la mise à disposition de masques, casques blouses gants pour l’ensemble des équipes. La dématérialisation du check-in check out du marquage au sol pour mettre en place des distances de sécurité une désinfection spécifique des chambres. Mais aussi la suppression des buffets et la réorganisions de la restauration.
On a eu l’audace en France d’associer le PDG du plus grand groupe hôtelier Français, Sébastien Bazin, aux opérations de déconfinement au côté d’un ministre.
Une idée peut-être bonne à reprendre en Espagne qui est riche de grands groupes hôteliers tout comme de grands patrons du secteurs.
Une fois la reprise des activités, à combien de semaines pensez-vous pouvoir retrouver une activité normale ?
La vie normale, elle est surtout suspendue au respect dans un premier temps des gestes barrières, des mesures de respect des uns et des autres. Et après du vaccin.
Avant d’en arriver là, il faudra vivre et vivre avec. Il faut nous faire confiance, c’est important pour notre profession pour être au rendez-vous du sérieux, du respect, de l’accueil, du bien-être, en somme de tout ce qui fait que nous sommes dans l’hospitality.
Par PC, LCE
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